Innovation : comment La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes s’empare des sujets blockchain ?
Finance Décentralisée
March 31, 2022

Blockchain / Crypto : La Caisse d'Epargne Rhône Alpes joue la carte de l'acculturation

Richard Mongelli est directeur recouvrement et contentieux à La Caisse Epargne Rhône-Alpes. En juin 2020, avec une dizaine de collaborateurs de la banque, Richard a suivi la formation « L’innovation Blockchain au service de l’entreprise - Optimisation des process / Développement d’avantages concurrentiels » proposée par La Caisse d’Epargne Rhône Alpes. Cette formation de 7h en visioconférence était animée par Aurore Galves, cofondatrice de Leonod. C’est aussi la Présidente de l’association Crypto Lyon, qui œuvre à la promotion et la démocratisation des cryptomonnaies auprès des utilisateurs. Nous avons interrogé Richard Mongelli, mais aussi Vincent Griffaut, directeur de Projets Digital Team à La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, Yann Gaudet, Responsable de l’offre financière de gestion privée au sein de La Caisse d'Epargne Rhône-Alpes et Caroline Hanriot-Sauveur, la directrice de l’Agence Innovation, afin de comprendre comment La Caisse Epargne Rhône-Alpes s’empare des sujets crypto blockchain et insuffle un esprit d’innovation en son sein.

Acculturation et appropriation des sujets blockchain et crypto par les collaborateurs de la banque

« Depuis un an, nous sollicitons les managers de La Caisse d’Epargne Rhône Alpes pour les aider à décrypter les grandes thématiques blockchain et voir comment cela peut entrer dans le périmètre de leur activité. Les travaux de R&D menés au sein de la BPCE nous permettent de rechercher des cas d’usage. » raconte Vincent Griffaut, directeur de Projets Digital Team à La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. Le partenariat avec l’INSA s’est naturellement mis en place. II faut dire que le module « La blockchain orienté pour les décideurs » se prêtait tout à fait aux objectifs de Vincent et que La CERA avait déjà travaillé avec l’INSA autour des Data Sciences. Un travail autour du contenu de la formation a été réalisé avec l’INSA afin d’adapter au mieux les modules de formation à la cible.

Cette formation en ligne sur la blockchain a été complétée par la parution de notes de recherche sur la cryptomonnaie, la technologie Ethereum et les monnaies numériques rédigées par La Digital Team. « Ces publications ont donné de la profondeur à la formation. Elles étaient très complémentaires » témoigne Richard Mongelli. Ces initiatives témoignent de la volonté de La Caisse Epargne Rhône-Alpes de proposer aux collaborateurs des outils nécessaires à l’acculturation et à l’appropriation des sujets blockchain et crypto afin d’avoir un coup d’avance sur ces innovations stratégiques.

La question qui se pose est alors celle de l’application opérationnelle de ces notions. Comment appliquer ces concepts à des applications très réelles au sein de la banque ? Cette formation a-t-elle impacté le métier de Richard au quotidien ? La réponse est non. « Je travaille au service recouvrement, j’accompagne les particuliers en difficulté. Aujourd’hui, il m’est impossible de créer des synergies entre cette formation blockchain et mon métier » explique Richard Mongelli en soulignant toutefois l’ouverture d’esprit et la richesse intellectuelle induites par ces formations. « Ces actions témoignent de la volonté de la CERA de diffuser la culture de l’innovation et nous donne de nouvelles perspectives sur les cas d’usage de la blockchain au sein des métiers de la banque ». L’ambition« Transformation Innovation » du plan stratégique de La Caisse Epargne Rhône-Alpes 2022-2024 s’incarne en effet pleinement dans cette initiative. « La banque se doit d’être force de proposition et d’embarquer ses collaborateurs avec ce type de contenus » conclut Richard Mongelli.

Ces formations n’impactent pas encore le quotidien des collaborateurs CERA. « Nous sommes sur des enjeux d’acculturation, explique Vincent Griffaut. Le but est de donner une vision globale de ce que pourrait être la blockchain au-delà de l’arbre bitcoin qui cache la forêt. »

Servir la dynamique et le fonctionnement du monde bancaire

S’il n’existe pas encore aujourd’hui de transposition directe dans son métier au quotidien, Richard est convaincu que les réflexions autour de la crypto et de la blockchain serviront demain la dynamique et le fonctionnement du monde bancaire en matière de de sécurisation des informations notamment. Il est aisé d’imaginer comment ces technologies pourront demain être appliquées à des cas d’usages de la banque : assurance, micro-paiement, transfert des titres de propriété, tokénisation des actifs financiers des entreprises, etc.

Reste à orchestrer la création de directions spécifiques au sein de La Caisse Epargne Rhône-Alpes pour accompagner les clients sensibles aux sujets crypto et blockchain. Si ces questions sont émergentes et encore marginales, il n’en demeure pas moins qu’elles correspondent aux besoins exprimés par un certain nombre d‘acteurs de passer par un système décentralisé. Des enjeux liés à l’attractivité et la fidélisation des clients de demain pourraient très prochainement émerger.

Evaluer l’intérêt des clients de la banque sur les sujets crypto

Tout l’enjeu est d’évaluer l’intérêt des clients de la banque sur ces sujets. Pour Vincent Griffaut, les initiatives doivent venir des établissements. Il est crucial de détecter localement l’envie ou non de nos clients d’aller sur ces sujets. Ces enquêtes clients sont pour lui la première étape pour sortir de la R&D et proposer des actions concrètes de terrain. « Nous devons mener des expérimentations locales et être aux premières loges des résultats pour analyser le comportement de notre clientèle premium sur ces questions » explique Vincent Griffaut. Cela passe notamment par la réalisation d’une enquête auprès de la BDR et des clients de Hyperia Banque Privée afin de vérifier qu’il y a une appétence de leur part et justifier qu’on investisse plus structurellement ces sujets ».

Il cite notamment la récente enquête que Natixis a orchestré auprès de ses clients institutionnels. Cette étude montre que sur les trois prochaines années, les grands clients commençaient à imaginer avoir ce type d’actifs dans leur portefeuille.

Pour Yann Gaudet, responsable de l’offre financière de gestion privée au sein de La Caisse d'Epargne Rhône-Alpes, au-delà des idées reçues, il existe une confusion chez les clients qui ne différencient pas la blockchain et le bitcoin.

« Certains clients particuliers premium semblent prêts à mettre une partie de leur argent sur des crypto en vue de doper leur placement mais cela reste très marginal » explique Yann Gaudet soulignant que le peu de demandes émane de clients aguerris aux sujets crypto. Selon lui, les clients s’interrogent davantage sur des éléments exogènes comme la traçabilité et la conformité. « Il existe certes un peu de curiosité de la part de certains de nos clients qui ont besoin de comprendre l’univers mais ils ne sont pas prêts à sauter le pas. »

Côté Agence Innovation, les choses bougent doucement également. « Nous sommes sollicités par des dirigeants de startups qui cherchent à savoir si nous sommes en mesure de gérer des crypto monnaies »explique Caroline Hanriot-Sauver, la directrice de l’Agence Innovation Rhône Alpes qui a accompagne certains projets Web3 et soutient notamment des startups sur du mining ou du staking, sans pour autant avoir traité les ICO « car sur le plan réglementaire et conformité le sujet n'est pas clairement cadré. ».

Quant aux prochaines étapes et savoir si La CERA va muscler davantage encore ces initiatives, difficile de statuer. Vincent Griffaut affirme être tributaire des lignes stratégiques de BPCE et être en attente d‘une visibilité plus claire du groupe sur ces sujets.

Se pose alors la question de la tenue de compte et de la conservation des clés. Sans parler du positionnement d’un groupe bancaire traditionnel sur une offre de ce type-là. Quelle serait sa valeur ajoutée alors qu’on parle de finance décentralisée ?

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